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Prisca Huguenot

14 juillet 2025
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L’EPFL à l’avant-garde de l’archivage à très long terme

Vers un futur où les images seront stockées dans l’ADN.

Source : Pexels

Avec plus de 2000 milliards de photos capturées chaque année dans le monde, le besoin de solutions de stockage durables, denses et écologiquement viables devient critique. Les disques durs et bandes magnétiques, piliers actuels de l’archivage numérique, montrent leurs limites : durée de vie courte, encombrement physique, et forte empreinte environnementale.

Pour répondre à ces défis, l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) travaille à une nouvelle norme JPEG conçue pour stocker des images dans des molécules d’ADN. Une innovation qui pourrait révolutionner la manière dont l’humanité archive ses données les plus précieuses.

Le potentiel extraordinaire du stockage sur ADN

L’idée de stocker des données dans l’ADN n’est pas nouvelle. Dès 2015, l’ETH Zurich (EPFZ) démontrait la faisabilité de cette technologie. En 2017, l’EPFL prenait le relais en archivant des morceaux emblématiques du Montreux Jazz Festival, sur ADN.

Pourquoi l’ADN ? Parce qu’il s’agit d’un support d’une densité inégalée : un gramme d’ADN pourrait théoriquement contenir 215 millions de gigaoctets, soit l’équivalent de 860'000 disques durs externes. De plus, l’ADN est stable sur plusieurs millénaires, sans consommation d’énergie.

Une norme pensée pour la biologie moléculaire

Mené par le professeur Touradj Ebrahimi à l’EPFL, le projet JPEG DNA vise à créer un standard international de compression d’image spécialement adapté au stockage biologique. L’approche diffère des standards classiques : au lieu d’encoder en binaire, on encode directement les images en séquences de nucléotides (A, T, C, G), selon les contraintes chimiques de l’ADN.

La norme JPEG DNA intègre des mécanismes de résilience aux erreurs, indispensables dans un environnement biologique, et prend en compte la stabilité chimique des séquences synthétisées. Grâce à un algorithme dédié, les images sont compressées et converties sans passer par une étape de décodage, optimisant ainsi la quantité d’ADN à synthétiser.

Une norme internationale prévue pour 2026

L’ambition est claire : faire de JPEG DNA un standard ISO reconnu d’ici 2026, sous l’égide du comité JPEG. Le projet est déjà mis en lumière à l’Exposition universelle d’Osaka, au Pavillon suisse.

Ce projet pourrait ouvrir la voie à un archivage numérique millénaire, avec une empreinte écologique minimale. Grâce aux progrès conjoints de la biotechnologie, de l’IA et du traitement du signal, le stockage sur ADN n’est plus un rêve lointain, mais une solution émergente à surveiller de très près.

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