Forrester : l’intelligence artificielle entre dans son ère de banalisation.

Source : Pexel
Selon le cabinet Forrester, 2026 marquera la fin de l’exubérance médiatique autour de l’IA. La technologie deviendra moins glamour, mais plus fonctionnelle et intégrée au quotidien.
De phénomène révolutionnaire à outil du quotidien
Tout ce qui brille finit par s’estomper. C’est le constat dressé par Forrester, qui prévoit qu’en 2026, l’intelligence artificielle atteindra un stade de maturité pragmatique : moins spectaculaire, mais profondément ancrée dans les infrastructures et les processus des entreprises.
« L’IA est comme un vieux manteau : moins en vogue qu’autrefois, mais toujours aussi confortable et fiable », résume le cabinet d’analyse.
Après l’explosion médiatique provoquée par ChatGPT en 2022, suivie d’une vague d’innovations et d’investissements massifs dans la Silicon Valley, l’euphorie laisse place à une période de rationalisation. L’IA ne disparaît pas, elle devient simplement ordinaire — une technologie de fond, comme l’électricité ou le smartphone.
Un parallèle avec l’iPhone
Forrester compare cette évolution à celle de l’iPhone : une invention d’abord révolutionnaire, puis devenue un élément banal de la vie quotidienne. De la même manière, l’IA est en train de passer du statut d’innovation fascinante à celui de composant omniprésent dans le système d’exploitation du monde moderne.
Les entreprises ont désormais intégré l’IA dans leurs processus sans forcément la mettre en avant. Elle est là, invisible, fonctionnelle — et surtout indispensable.
Le ralentissement des dépenses arrive
Selon Forrester, un quart des entreprises retardera ses investissements dans de nouveaux projets d’IA en 2026. La raison ? Un retour sur investissement souvent décevant.
Le rapport évoque « un décalage entre les promesses exagérées des fournisseurs et la valeur réelle créée pour les entreprises ».
Une étude récente du MIT citée par Forrester confirme cette tendance : 95 % des applications d’IA déployées en entreprise n’auraient pas généré de résultats tangibles.
Résultat : le marché se prépare à une correction. Les budgets se resserrent, les projets non prioritaires sont suspendus et la gouvernance prend le dessus sur l’expérimentation.
La gouvernance remplace l’expérimentation
Forrester prévoit que 60 % des entreprises du Fortune 500 auront nommé un responsable de la gouvernance de l’IA d’ici 2026 — à l’image de Sony ou Bank of America. L’objectif est clair : passer de l’innovation tous azimuts à une utilisation maîtrisée et responsable des technologies d’IA.
Parallèlement, 30 % des grandes entreprises mettront en place des programmes de formation interne pour aider leurs employés à mieux comprendre et utiliser les outils d’IA existants. L’ère de la formation de masse succède donc à celle de l’expérimentation désordonnée.
Moins d’embauches, plus d’automatisation
Autre tendance majeure : le ralentissement des recrutements d’ingénieurs, data scientists et analystes.
Les agents d’IA autonomes commencent à automatiser certaines de leurs fonctions, donnant naissance à ce que Forrester appelle un « monde de données et d’analyses agentiques ».
Pour réduire leur dépendance aux prestataires externes, les entreprises cherchent désormais à créer leurs propres « lacs d’agents » : des réseaux internes d’agents IA interopérables et pilotés localement.
Une IA moins spectaculaire, mais plus essentielle que jamais
Si l’intelligence artificielle perd de son aura de nouveauté, elle gagne en importance stratégique. Comme l’électricité au XIXe siècle ou Internet dans les années 2000, elle entre dans une phase de banalisation où l’innovation se déplace du spectaculaire vers l’utile.
Forrester conclut : « L’IA cessera d’être un sujet de mode pour devenir un sujet de structure. C’est là que commencera sa vraie révolution. »
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