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Prisca Huguenot

4 janvier 2021
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Adobe Flash Player : une page de l’histoire du Web se tourne

En fin de vie depuis plusieurs années, le logiciel Adobe Flash a sensiblement marqué l’histoire du Web laissant derrière lui des dizaines de milliers de créations amateurs et de nombreuses failles de sécurité. 

Les mauvaises langues diront que ce jour aurait dû arriver bien plus tôt, mais beaucoup ressentent probablement une pointe de nostalgie. En effet, depuis le 1er janvier 2021, Adobe a cessé de distribuer et de mettre à jour Adobe Flash Player. Deux semaines plus tard, à partir du 12 janvier 2021, l’entreprise américaine bloquera tous les contenus qui utilisent cette technologie.

C’est une page de l’histoire du Web qui se tourne. Pour rappel, Adobe Flash Player est un logiciel qui permettait d’afficher, sur la plupart des navigateurs, des animations, des vidéos et même des jeux. C’était le moyen le plus efficace pour afficher une vidéo ou une animation sur les sites web. YouTube, le plus gros site de partage de vidéos au monde utilisait d’ailleurs cette technologie jusqu’en 2015.

Rétrospective

En 1993, trois Américains (Jonathan Gay, Michelle Welsh et Charlie Jackson) ont lancé l’entreprise Future Splash et commercialisé SmartSketch, un logiciel de dessin pour ordinateurs. L’outil évolue au point de proposer de composer des animations, et ainsi concurrencer un autre logiciel de l’époque : Macromedia Wave.

En 1996, Macromedia rachète l’entreprise Future Splash et sort un nouveau logiciel permettant de concevoir des animations : Macromedia Flash.

Pendant près de dix ans, le logiciel a gagné en popularité. Jusqu’au rachat, en 2005, de Macromedia par Adobe, pour environ 3,4 milliards de dollars.

Une communauté d’amateurs passionnés

En 2005, YouTube est né. Dès sa création, la plateforme a utilisé, pour afficher les vidéos à ses utilisateurs, le logiciel Adobe Flash Player. Cette adoption a accéléré la popularité de Flash comme outil pour diffuser des vidéos sur Internet.

Cette popularité va rassembler une immense communauté d’amateurs passionnés. A cette époque, des milliers d’internautes voulant créer leurs propres mini films d’animation, ou des jeux vidéo sommaire, se sont emparés de Flash.

Un cauchemar pour la sécurité

Seulement, Flash n’est pas qu’une technologie idéale pour afficher des vidéos ou créer des jeux vidéo, c’est aussi un logiciel qui s’est forgé une très mauvaise réputation dans le domaine de la sécurité informatique. En tant que logiciel installé sur la grande majorité des navigateurs Web et des ordinateurs sur le marché, Flash est tout naturellement devenu une cible de choix pour les pirates.

D’année en année, des failles de sécurité parfois critiques ont été découvertes, puis corrigées. En 2015, le responsable de la sécurité de Facebook, Alex Stamos, a même appelé à la mort de Flash, estimant que le logiciel représentait un risque bien trop important pour les internautes. « Il est temps pour Adobe d’annoncer la fin de vie de Flash », a-t-il alors déclaré sur Twitter, après l’annonce d’une nouvelle vague de failles de sécurité.

En 2010, Steve Jobs avait expliqué dans une lettre ouverte pourquoi il n’autorisait pas l’utilisation de Flash sur iPhone et iPad, citant, entre autres, des problèmes de sécurité.

Un logiciel en fin de vie

En 2017, Adobe a finalement annoncé la disparition de Flash à compter du 1er janvier 2021, le logiciel était déjà en fin de vie. Car depuis, les standards du Web ont beaucoup évolué.

Le déclin de Flash a été illustré par des chiffres communiqués par Google en 2018 : selon l’entreprise, cette année-là, seuls 8 % des internautes utilisant le navigateur Chrome avaient chargé une page Web contenant du contenu Flash, contre 80 % en 2014.

Quant aux jeux et animations en Flash, des passionnés s’attachent à les sauvegarder, dans la mesure du possible, pour garder une trace de la créativité de milliers d’internautes au début des années 2000. En s’appuyant sur un logiciel émulant la technologie de Flash, la fondation Internet Archive a d’ores et déjà préservé plus de 1 000 contenus.

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